4ème dimanche de Pâques

Jésus, une porte. Tiens donc ! Une porte, pour une maison, c’est très important et cela est parlant. « Ferme bien la porte ! » ou bien « oh moi, je n’ai pas peur de laisser la porte ouverte. » C’est vrai que cela dit bien les choses. Jésus, à travers l’image d’une porte, fait revoir ce qu’on peut dire d’un dedans et d’un dehors pour l’Église. C’est paradoxal, mais revenir à lui est source d’une nouveauté : de quoi regarder autrement ce qu’est notre place dans l’Église. Non pas, pour se rassurer, savoir si on est vraiment dedans. Dans une communauté de chrétiens, on peut, à travers le plaisir de mieux se connaître, se sentir fort par la place qu’on s’y est faite, mais se tracasse-t-on de la place qu’on laisse à Jésus-Christ, à sa parole, et par lui, se soucie-t-on de la vitalité qu’il peut donner à la communauté, à son rayonnement et aux relations à l’intérieur de la communauté ? Qu’est-ce qui fait que cette assemblée pourra témoigner ? La présence de Jésus ressuscité, quand on fait référence à lui pour s’accueillir, pour se réunir. Ne diluons pas trop la foi dans les grandes considérations, dans les actualisations qui dissipent l’énergie de la résurrection.

Jésus prend l’image de la porte d’un bercail. L’image fait allusion aux voleurs qui passent par-dessus le mur. On nous dit que l’écoutaient aussi les Pharisiens. Le lourd fardeau qu’ils imposaient pouvait faire le tri et retirer du troupeau injustement, pas mal de brebis. Mais pas plus à ce moment-là qu’aujourd’hui, on ne pouvait prétendre à être parfait et au-dessus de la mêlée, pas question non plus de se prendre pour celui qui peut dire : « Toi, entre ! » ou « Toi, reste dehors ! » « Tu ne jugeras pas », c’est le berger miséricordieux qui nous le rappelle. Si Jésus est la porte, nos rencontres, nos échanges, notre manière de nous adresser aux autres peuvent dire quelque chose de cette ouverture que Jésus est pour ceux que nous dirions de l’extérieur. Ce vieux copain « qui n’est pas trop Église », je perdrais mon temps à le fréquenter ? Si Jésus est la porte, c’est peut-être que j’ai à lui témoigner que peut s’ouvrir pour lui un chemin où son cœur trouverait le vrai sens de la Justice et de la Bonté. Car soyons-en sûrs, c’est Lui qui donnera à chacun sa juste place.

On parle aujourd’hui, avec le pape François d’une Église en sortie, d’une Eglise qui pourra évoluer parce que compteront moins les belles places que certains pensaient pouvoir y occuper. Si Jésus est la porte, cela change le sens de la limite de l’Église et de ce que veut dire cette « sortie » Ne mettons pas trop vite des frontières de jugement et de réserves craintives alors qu’il déplace les frontières, qu’il est ce cœur qui s’ouvre, comme une porte. Passer par lui pour aller vers ceux du dehors, c’est l’invitation qu’il nous lance d’être libres. Nous sommes chez nous quand on nous dirait chez les « autres », parce que nous pouvons être sûrs que le Dieu qui s’est fait homme en Jésus est toujours là quand on le cherche en ceux qui peuvent devenir pour nous des frères et des sœurs. Quelle porte pour dire « je suis dans l’Église » ou « je suis hors de l’Église » ? Cela passe peut-être surtout en chacun dans les questions et dans l’appel lancés aux chercheurs d’une vie renouvelée par l’évangile. La solidarité entre nous, nous pouvons en parler à travers cette question d’un passage vers un style de vie, comme à travers la porte qu’est Jésus.

« Oui, Jésus, ouvre-moi les portes de la foi. C’est ce que je te demande, c’est ce qui compte plus que tout car je sais que s’ouvrira alors ce trésor : l’amour de Dieu pour chacun de ses enfants, cette vie en abondance sur laquelle veille le bon berger. »