Marc décrit une longue journée de Jésus. Nous nous souvenons qu’il avait guéri un homme tourmenté par un esprit impur le jour de Sabbat. Il est sans doute resté assez longtemps à la synagogue et le voilà de retour à la maison de Pierre. La belle-mère de Pierre a de la fièvre. On pourrait se demander pourquoi on raconte une petite guérison. Non pas une guérison marquante comme guérir un paralytique, un sourd ou un aveugle. Juste guérir de la fièvre : on lui dirait bien : laisse réagir le corps, laisse faire l’immunité. Pourquoi cette guérison ? C’est qu’elle semble porter un message : elle semblerait bien l’image, le sens de quelque chose d’autre. La belle-mère habitée par une brûlure, par un feu dévorant : dans les mentalités anciennes, l’image était assez parlante pour dire qu’on s’était égaré de Dieu. Car certains textes de la Bible en parlaient ainsi de la fièvre comme d’une punition. C’est sûr, qu’avec Jésus, on sait que Dieu est celui qui guérit, il est celui qui prend soin et fait vivre. Jésus nous le dit par cette guérison. Cela ne signifie pas que la fièvre et les autres maux seraient le résultat de nos manques de foi. Mais c’est encore un signe que Jésus est non seulement guérisseur mais aussi sauveur pour quelque chose de plus profond. Et cela, l’Évangile veut nous le faire comprendre.
On amène à Jésus toutes sortes de malades. Cela se passe après le coucher du soleil.
Sans doute à cause d’une précaution, c’était le soir d’un sabbat : il fallait attendre le coucher du soleil pour s’activer, pour déplacer les malades. On nous parle, aussi comme dimanche passé, de démons et de l’autorité de Jésus qui parvient à les expulser. Qu’il y ait des esprits mauvais, certains diraient : « non, cela n’existe pas » pour ne pas en avoir fait l’expérience eux-mêmes. Ou bien ils rapporteraient cela à ce qu’on peut en expliquer aujourd’hui avec l’évolution des connaissances. Mais il est question d’autre chose, un peu comme avec la fièvre. Jésus n’est pas venu comme thérapeute, pour prendre un mot qui dirait la guérison pour les blessures psychiques qui font dégénérer une vie. Les démons, nous dit l’évangile, savaient qui Jésus était.
Marc veut nous faire comprendre que Jésus en est vainqueur, que les démons s’avouent vaincus. Sur ce plan mystérieux, la victoire de Jésus est comparable aux guérisons qui se produisent dans une médecine qui balbutie encore. Mais plus important, même si on dit à Jésus : tout le monde te cherche. Il fait comprendre qu’il n’est pas avant tout guérisseur ou précurseur en matière de psychiatrie. Il doit annoncer la Bonne Nouvelle. Rappelons-nous ses premières paroles : convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle ; le règne de Dieu est proche. C’est la conversion des cœurs qu’ils visent, même à travers les gestes que sont les guérisons et autres libérations du mal
Voilà l’évangile : il est écrit pour que nous cherchions Jésus et le trouvions sur un chemin de foi. Ce chemin, il n’est pas que regarder dans les écritures, même si c’est important d’aller entendre aussi la supplication du brave Job, frappé par le malheur mais qui reste fidèle dans la foi. Le bonheur semble le dédaigner mais il reste fidèle. Cela vaut aussi la peine d’entendre Paul faire écho à ce que Jésus disait quand il désirait annoncer la Bonne Nouvelle. L’évangile, c’est bien le trésor que Paul veut passer sa vie à annoncer. Ce chemin de foi, faisons-le avec ce que nous traversons dans nos vies.
La maladie, la pandémie, les esprits qui s’échauffent, les plaintes et les exaspérations qui mettent la pression dans cette période de crise, nous comprenons particulièrement bien tout cela en ce moment. Et nous ne recevrions pas l’Évangile et toute sa force si nous ne sentions pas qu’avec le soutien pour les guérisons de nos vies terrestres, Jésus ouvre aussi l’espérance du royaume des Cieux. Quand nous prions le Notre Père, nous évoquons la venue de ce Règne sans doute bien différemment de ce que faisaient les Juifs de l’époque de Jésus quand ils parlaient du règne de Dieu. C’est pourtant important car il s’agit là d’accueillir du Seigneur un nouveau registre pour notre vie : il faudrait interroger Jésus sur sa prière le matin quand on le cherchait pour lui demander ce qu’il partageait avec son Père. Mais par l’Esprit de notre baptême, nous savons que c’est aussi écouter l’amour habiller nos rencontres de l’attention à l’autre, c’est laisser la charité redéfinir nos priorités, c’est laisser la foi dire la richesse de moments de recueillement, des moments de louange que d’autres pourraient sembler futiles, c’est laisser l’espérance nous faire miser sur un engagement pour une humanité qui soit reflet du Dieu qui l’a faite. En fait, c’est laisser toute sa place à Dieu. Devant lui un feu dévorant mais si nous sommes avec lui, ce feu nous protège plus qu’il ne nous fait du tort, ce n’est pas la fièvre, c’est le remède.
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