Mais que va-t-il donc se passer à Jérusalem : les paroles de Jésus nous renseignent-elles ? Elles sont tellement mystérieuses : Père glorifie ton Fils : qu’est-ce que cela veut dire ? L’image du grain de blé qui doit mourir, l’âme bouleversée de Jésus qui s’en remet finalement à la volonté du Père, l’évocation déjà de ceux qui regarderont vers celui qui aura été élevé : tout cela nous fait signe et nous lance en même temps bien des questions. Au cœur de notre foi, ces paroles sont en même temps comme une semence de vie ! Aujourd’hui encore ! Pour cela, redécouvrons comment Dieu nous parle.
La fidélité de Dieu se dit en Jésus. La nouvelle alliance que nous évoquons à chaque eucharistie dit la force d’un lien du Seigneur avec les hommes, ses enfants et cette force a traversé l’histoire et les générations. Dans la première lecture, Jérémie annonçait une nouvelle alliance. Non pas que l’ancienne alliance soit révoquée. Non, c’est la même alliance mais ce qui change, c’est la manière de la vivre. Ce qui change, c’est la vraie connaissance de Dieu, c’est-à-dire une vie en présence de Dieu, une vie en aimant comme lui, avec lui. Alors on peut reconnaître ce qu’il fait fidèlement pour chacun. Et cela remonte loin, comme quand il y avait eu rupture entre les gens du Nord et ceux du Sud, entre Israël et Judas : un seul peuple s’était divisé en deux. L’alliance rejoindra les deux. C’est un signe important pour dire que l’alliance n’est pas celle d’un peuple au détriment d’un autre. C’est un appel pour que la découverte de l’alliance avec Dieu soit une annonce que chacun fait pour la partager.
Comme les prophètes : Quand tout va mal, les prophètes retrouvent des raisons d’espérer, c’est le Seigneur qui relance l’alliance, c’est sa fidélité à soutenir son peuple qui propose à celui-ci de se donner un chemin à suivre. Les prophètes sentent les choses comme Dieu le leur inspire. Ils voient en premier les bourgeons germer, et tout ce qu’ils promettent d’une vie nouvelle. Puis viendra Jésus qui fait relire autrement le message des prophètes. Serait-ce seulement la prospérité d’un peuple privilégié qui est en cause ? Qu’on ne se trompe pas : c’est le salut pour le monde entier. Et donc aussi de quoi soutenir aujourd’hui l’engagement de ceux qui se confient à Dieu, et témoignent de leur foi aux autres.
On parle de prophètes, on dirait vite que cela relève de l’Ancien Testament, qu’on en sort avec Jésus. Mais ce mot « Testament », utilisé pour désigner l’ancien et le nouveau testaments qui forment la Bible, savez-vous que ce mot signifie « alliance » ? Testament, cela fait plutôt penser à ce qu’on signe chez le notaire. Il faudrait plutôt parler de tout ce qui s’est vécu dans la foi depuis Abraham, avec une foule qui s’est élargie à des milliers de fidèles, avec un visage de Dieu qui s’est révélé par les prophètes et puis par Jésus. Et en effet, Jésus, c’est Dieu qui soutient son peuple autrement. Il se fait le frère de chacun, non pas frère par le sang mais par l’écoute de ce que Dieu dit. Il est la Parole de Dieu mais aussi le cœur uni aux nôtres pour qu’avec lui cette parole porte du fruit. C’est pourquoi rien n’est effacé des promesses de Dieu. La Bible est l’histoire d’une même fidélité de Dieu envers les hommes, vécue d’abord par un peuple à qui il s’est présenté, qui a fait mémoire de ses merveilles et qui est tendu vers l’avenir de ses promesses. Et Jésus vient les réaliser non plus seulement pour ce peuple mais pour toute l’humanité.
Avec ceux – les Grecs dont parle l’extrait d’aujourd’hui – qui veulent voir Jésus dans l’évangile, nous sommes habités par une curiosité. Nous voudrions voir tout ce que la foi en Jésus peut changer, peut guérir et sauver, et en même temps le montrer pour apporter un beau témoignage.
Il y a cette phrase qui pouvait nous sembler mystérieuse : l’heure est venue pour le fils de l’homme d’être glorifié. Mais la gloire du Seigneur, c’est sa présence. Oui, l’Évangile, c’est la bonne nouvelle de la présence de Dieu : cette présence est manifestée par ce que la vie de Jésus nous en montre. Comme une semence pour qu’une vie nouvelle sorte de la terre au temps voulu et produise des fruits jusqu’à la moisson. A chacun d’interpréter les temps qui se succèdent comme autant de moissons où la Parole de Dieu portera du fruit, où Jésus, comme le grain semé en terre, sera source de vie pour ceux qui croient en lui. Plutôt que d’en rester à des phrases mystérieuses, rejoignons à notre manière la présence de Dieu et ce qu’elle peut susciter et soutenir dans notre vie. De textes qui évoquent sans cesse le pardon et la miséricorde, ayons le goût de la réconciliation, de la médiation quand des tensions surgissent. Que l’attention aux autres soient soutenue par l’attention à Dieu, à sa paix. Quand donc Dieu se fait-il reconnaître, quand donc sa présence dit-elle sa fidélité, le soutien qu’il assure à ceux qui se fient à lui ? Certains se demanderont si c’est tenable de parler de présence de Dieu quand la société nous demande de tenir même nos idées religieuses à l’écart des lieux publics. Plus que les idées, c’est l’amour du Seigneur qui doit être présent, que nous pouvons accueillir et faire nôtre, parce que nous sommes ses enfants, c’est l’alliance nouvelle. Oui ; c’est l’amour de Dieu vécu et partagé par ses disciples qu’on peut chercher. Il est présent et peut travailler le monde. Voilà en vérité ce qui portera du fruit.