Dimanche après dimanche, nous avons rendez-vous avec le Seigneur parce qu’il vient à notre rencontre.
Comment cela se passe-t-il ?
Le Seigneur compte sur nous, sur notre accueil : accueil de ce qu’il nous dit, de ce qu’il nous montre. Sans doute, si nous nous comparons à ce qui se passe dans un Évangile comme celui que nous venons d’entendre, nous dirions : « Ce n’est pas la même chose. » Non, mais il y a beaucoup de similitudes. L’extrait d’Évangile d’aujourd’hui, il commence par ce qu’on pourrait appeler un partage d’Évangile. Comme aujourd’hui, on ouvre sa Bible, on est éclairé par un texte sur ce qu’on vit et on veut en dire quelque chose aux autres, pour remercier ensemble le Seigneur pour les fruits qu’il fait grandir en chacun. Les disciples qui reviennent d’Emmaüs racontent ce qui s’est passé avec Jésus, comment Jésus leur a ouvert le sens des Écritures.
Comment nous, en fouillant dans ce que la Parole de Dieu a gravé dans nos mémoires et dans nos cœurs, comment sommes-nous la terre, où cette parole peut donner du fruit ?
Il ne faut pas en rester à une morale que nous aurions repérée pour dire une motivation supplémentaire à nous cantonner dans le bien. C’est important mais il y a plus. Le sens des Écritures, c’est une direction de l’histoire, une manière pour Dieu de nous conduire : dans le sens du pardon, de la miséricorde, de l’accueil mutuel des uns et des autres, dans une fraternité nouvelle. Le sens des Écritures, c’est la communion de tous autour de lui, Dieu présent comme l’amour qui transforme le monde des hommes. Nous en sommes loin. Le partage de bonnes Nouvelles auquel chaque dimanche nous convoque peut être bien contrarié par les critiques que nous adresserions à ce qui se passe autour de nous, pour les obstacles à ce que notre espérance pourrait proposer.
Les choses ne sont pas faciles. Ce n’était pas le cas pour les premiers chrétiens. Mais est-ce pour cela que nous devrions laisser attendre le Seigneur ? Il nous parle, resterions-nous à douter vraiment de ce qu’il serait toujours ce soutien, et alors laisser l’histoire qu’il veut réaliser avec nous, laisser son projet se perdre en se bloquant contre le mur de nos aigreurs de toutes sortes, de nos doutes, en ne sauvant, chacun, que sa petite bulle de sécurité pour soi et ses proches ?
Dans l’épisode d’aujourd’hui, lors de cette apparition de Jésus, les disciples évoquent aussi leur doute. Vous diriez comme eux : comment est-ce possible par rapport à ce que nous connaissons par expérience ? L’Évangile est partagé pour dire non ce n’est pas une illusion, ce n’est pas simplement la peine trop forte des disciples qui leur fait inventer n’importe quoi. Ce qui les conduit, avec du recul, c’est encore et toujours la manière dont la Parole de Dieu, les Écritures, vont s’accomplir. Vous avez remarqué dans la première lecture, quand Pierre plaide pour faire reconnaître Jésus, cela revient là aussi, il fait référence aux prophètes. Les gens d’Israël s’y référaient assez et il leur demande l’humilité pour reconnaître que les accusations contre Jésus sont une erreur. Il faut que la parole s’accomplisse.
Cela ne veut pas dire : « C’est écrit, point final. » Mais plutôt : « regardez, cherchez les signes. Dieu vous parle encore, comprenez ce qui se passe, percevez comment il s’est fait présent à notre histoire, et vivez dans cette histoire qu’il écrit avec vous. » C’est le sens de la résurrection, dès maintenant. Nous sommes des êtres nouveaux quand nous découvrons le Seigneur Jésus présent dans notre vie. Il vient comme notre défenseur par rapport à cette question tellement embarrassante de nos limites, de la mort, du mal. C’est une balise inestimable pour nous soutenir par rapport à ce qui coince pour réaliser un monde qui irait mieux. Le Chrétien, c’est celui qui vise ce monde à réaliser par ce que Jésus-Christ a réparé – c’est pourquoi on peut l’appeler le sauveur -. Il n’est pas celui qui nous défend, qui nous excuse pour nos maladresses. Il nous ouvre la source de l’amour : alors à nous d’ouvrir nos cœurs pour recevoir cet amour qui peut restaurer tant et tant de situations où l’amour manque. Lisons notre histoire, repérons les difficultés à aimer et confions au Seigneur de les traverser avec lui.
Partageons à nos frères et sœurs ce que l’Évangile, c’est-à-dire la présence de Jésus et son amour, peut faire germer ça et là, comme autant de signes, de fruits que porte sa parole. La parole du Seigneur s’accomplit : c’est encore actuel, c’est une actualisation – comme on dit – de l’Évangile, c’est une mise à jour, pour aujourd’hui, de la force que le Seigneur, en se révélant à nous, peut nous communiquer. Ouvrons nos cœurs. N’ayons pas peur même si parfois, il y a une difficulté à l’accueillir.
Ne croyons pas que c’est réservé à quelques-uns. Écoutez cette phrase de l’Évangile : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? » Déjà au tout début, il y avait des réserves pour se laisser travailler par une parole qui bouleverse ce qui paraissait des évidences. La foi, c’est dire l’amour victorieux de la mort, c’est proclamer que rien ne peut arrêter l’amour de Dieu. Que le Seigneur fasse régner cette sagesse dans nos vies. Et notre vie témoignera que Jésus est bien présent, ressuscité pour nous ouvrir déjà maintenant, à cette vie nouvelle.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.