La vigne, dans la Bible a été prise plusieurs fois comme une image pour parler du peuple avec lequel Dieu a fait alliance. Ce mot « alliance », il n’est pas présent dans l’allégorie de la vigne, mais il est en arrière-fond de ce que Jésus dit. On peut comprendre qu’en Jésus, le temps est venu de la nouvelle alliance. Vous savez, ce que Ezekiel ou encore Jérémie décrivait. La loi serait dans le cœur des membres du peuple de Dieu. Tous connaîtraient le Seigneur.
Le Père est présenté comme le vigneron, celui qui prend soin de la vigne, qui taille, qui retire les branches mortes, qui fait tout pour que la vigne porte du fruit. L’image est porteuse : la traduire, c’est penser à la communion de tous les disciples de Jésus, guidés par son enseignement, par sa parole, vivifié par l’amour qu’ils cherchent à vivre comme lui, à vivre aussi avec lui, parce qu’il est présent à jamais et qu’ils peuvent demeurer en lui : Jésus est présent à ses disciples quand l’Esprit d’amour et de foi nous donne la vie d’enfants de Dieu.
En parlant d’alliance, on penserait sans doute à Abraham et Moïse, à Israël que l’on évoque comme le peuple de l’alliance. Mais pensons à tout homme qui cherche sincèrement Dieu, qui cherche à faire le bien, généreusement. Il y a un risque de se tromper en donnant trop vite des limites qui nous sembleraient visibles à la vigne, à ce que l’image de la vigne dirait : es-tu disciple de Jésus, oui ou non ? Comme pour dire, es-tu un sarment vivant ou bien une branche morte ?
Jésus est venu pour que pas un seul homme ne se perde. Son amour a été donné jusqu’au bout pour démasquer tout ce qui peut priver un homme de la vie. C’est ainsi aussi que le Père émonde la vigne, qu’il la soigne pour qu’elle donne du fruit. Par Jésus qui renouvelle ce qu’est la justice. Par Jésus qui ouvre nos cœurs à ceux qui deviennent frères et sœurs. Non pas parce qu’ils feraient partie du même État, de la même tribu, de la même culture de sorte que l’histoire leur permettrait de se comprendre et normalement, de s’entendre, de s’associer. Mais parce qu’une même foi en Jésus, un même accueil de l’amour dans ce qu’il peut avoir de plus fort, fonde cette fraternité, ce souci mutuel. Le mot amour peut parfois être mal compris quand il s’agit de parler de justice, d’être mis en pratique pour que la vie de tous les humains soit harmonieuse. Sans cesse des guerres, de la violence. Certains souligneront même qu’on a pris les prétextes religieux pour rendre aveugle et ne pas reconnaître d’autres dans leur simple humanité. Le mot amour, ce n’est pas qu’un programme de vie, c’est cette dynamique qui fait donner à chacun sa juste place. Le mot amour, en pensant à l’amour de Dieu, c’est ce qui rend sensible à l’autre pour qu’il soit reconnu, pour que ce qu’il est aux yeux de son Père du Ciel nous touche aussi. La prière a ainsi sa place pour nous ajuster au plan de Dieu. Et quelle contemplation d’une humanité transfigurée dans cette vigne choyée par Dieu pour qu’elle porte des fruits de bonheur, car le vin dit la fête et c’est sûr, la fête d’une alliance, le premier signe de Jésus, les noces de Cana, nous le faisait déjà comprendre.
Je parle de contemplation : ce n’est pas un rêve pour se consoler de ce qui existe concrètement. Ce n’est pas une manière de nous distraire du triste spectacle d’un monde où les critiques, les rivalités prennent trop de place, où les solutions restent seulement provisoires parce qu’elles ne sont pas vraiment justes. Que l’image de la vigne soit le soutien de notre espérance : l’Esprit du Seigneur est comme un vin qui met la joie au cœur de ceux qui travaillent à un monde nouveau où tous sont pris en considération, tous et surtout les petits aux yeux des puissants de ce monde-ci. L’Esprit est un breuvage qu’on ne boit pas pour oublier, mais pour avoir un cœur ouvert autant à la présence du Seigneur qui en est la source intarissable et pour avoir le cœur ouvert aussi à ce qu’il y a de grand, de précieux dans la vie de tous nos frères et sœurs en humanité. Que le Seigneur puisse toujours compter sur nous pour que son alliance et nous serons comme une vigne dont le fruit fera la joie de tous.