Cela fait quelques dimanches que nous parlons de mission, d’envoyés, de prophètes.
De quoi stimuler notre vie de chrétiens : l’Église, elle n’est pas qu’un cadre, une institution, un bloc qui serait simplement le résultat de la tradition d’être baptisé. Parce que la foi est une manière de vivre, avant tout. Alors, une chose est qu’il faut stimuler tous les chrétiens, tous ceux qui entendent l’Évangile, à le vivre. Autre chose : qui pourra le faire si le monde ou l’état de fait que cela ne bouge guère ? L’Évangile le fait, à travers lui, le Seigneur appelle. Mais qui le fait entendre ?
Il y a deux possibilités, et c’est important parce que cela concerne l’avenir de l’Église et cela nous concerne tous. Faut-il que tout vienne de responsables, des titres donnés à certains dans nos églises. Attention s’il y a une manière trop exclusive de garder cela. C’est ce que dénonçait la première lecture. Des soi-disant pasteurs qui ont plus dispersé que rassemblé, qui n’ont pas su se mettre à l’écoute des brebis, pas plus non plus qu’à l’écoute de ce que le Seigneur projetait pour son peuple.
Une autre possibilité, c’est que tous soient à l’écoute réellement de la situation du monde, c’est-à-dire des personnes, de chacun. Entendre les appels quand la vie perd ce qui lui donnait d’être précieuse, juste, belle, vraiment épanouissante. Si on demandait à nos contemporains ce que veut dire vivre en plénitude, cela ne serait-il pas souvent mis à l’ombre par bien des préoccupations, par bien des bruits qui font oublier une profondeur et une grandeur qui dit le projet de Dieu pour chacun ?
Ce que la vie peut apporter de fort à chacun, à son cœur, à ce qu’il est dans l’histoire sacrée qu’il peut relire : voilà l’important, donc et c’est sans doute ce que l’Évangile d’aujourd’hui faisait comme constat et l’appel que cela suscite. Après que les disciples soient revenus près de Jésus, il y a cette vision de la grande attente des personnes : elles étaient comme des brebis sans berger. Difficile d’imaginer tout ce que cette image champêtre peut signifier : désarroi, dispersion, panique. Le psaume du bon berger que nous entendions peut inspirer pour dire ce que cela représente dans le cœur des gens à qui il manque un guide, qui n’ont plus une voix qui les guide, qui ont peur et ne peuvent être rassurées devant les dangers de la vie.
Il s’agit bien sûr, de prendre ses textes avec la force qu’ils communiquent dans nos situations de vie.
Jésus fut saisi de compassion, nous dit l’évangile. Que peut devenir aujourd’hui ce regard de compassion que nous pouvons reprendre à notre manière ? Il y a là de quoi se sentir appelé pour vivre en donnant au monde ce que le Seigneur confie aux chrétiens comme lumière, comme bonté à partager. La maladie, une épidémie qui bouleversent nos manières de vivre, les caprices du climat et de grosses questions quand la nature semble montrer des signes d‘alerte parce que les activités de l’homme ne prennent pas toutes les précautions pour le bien de l’environnement qui peut alors devenir un cadre de vie plus précaire. Nous risquons de ne plus voir la vie humaine avec tous ses défis. Brebis sans berger, il y a sans doute aussi à être soucieux d’un autre appel, oui ; il y a un autre appel que le Seigneur nous lance. La reconnaissance de chacun, et c’est essentiel dans une vie humaine. On s’épuisera longtemps à développer une solution à tous les problèmes de la vie économique mais à quoi cela sert-il s’il n’y a pas non plus une écoute qui permet à chacun de trouver sa juste place quand sa voix sera entendue.
L’Évangile, c’est aussi ce projet d’une paix qui fait dépasser toute rivalité, qui ouvre le cœur de chacun pour dépasser les paix qui ne sont jamais que des arrangements provisoires tant qu’un problème ne vient pas le bousculer. Saint Paul, dans la deuxième lecture, montrait cela en montrant l’opposition en Juifs et Païens, une opposition dépassée par l’amour de Jésus. C’est une parole très forte qui nous montre un autre visage du berger qu’est Jésus. L’Évangile donne à toutes les communautés rassemblées en son nom de trouver en lui, Jésus et dans l’Évangile, une force de paix. L’amour du Seigneur continue son œuvre à travers les croyants que nous sommes. Jésus est venu pour montrer son amour pour tous les hommes. Et nous ne sommes vraiment ses disciples qu’en ouvrant nos cœurs à tous ceux qu’ils a aimés et qu’il aime encore. Voilà ce qui dit combien compte pour nous l’amour de ce bon berger qu’est le Seigneur.
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