Le sens des mots, des mots justes, des mots vrais, c’est important.
Et ce qu’on a raconté sur Dieu au long des âges, dans les différentes cultures, a parfois été délirant. En passant de la naissance d’un enfant, dans la nuit de Noël, de la fête que cela a donné à un texte sur la vérité, on aurait pu se dire quel rapport ? On se prosterne mais dans l’attente d’en savoir plus alors que l’on se trouve devant quelqu’un qui ne peut encore que balbutier. Mais donc il s’agit d’un prologue : si on voit dans ce mot la première syllabe pro, c’est pour dire ce qui vient avant, logue monologue, dialogue, comme logos, comme justement le mot qui se traduit par le verbe, la parole, visant par-là l’Évangile, mais surtout celui qui nous parle, celui qui est la Parole de Dieu faite chair, Jésus. Au début de l’Evangile, elle met déjà en contexte une parole, celle de Jésus, tout ce que la personne nous dit, et la manière dont elle a été accueillie et la manière dont aujourd’hui, nous l’accueillons. Car ce prologue dit surtout le contexte pour ou contre la lumière, avec un témoignage, celui de Jean auquel se joint d’autres témoignages, sans doute pour que nous aussi soyons témoins.
Cela nous interpelle donc déjà sur la manière dont notre attitude vis-à-vis de celui qui, tout entier, nous parlera au nom de Dieu, sera entre l’accueil et le refus, entre ce que l’ouverture à la présence du Seigneur peut renouveler dans notre vie et la résistance à quitter des habitudes recroquevillées sur elles-mêmes quand il est difficile de se remettre en question pour un mieux.
On se réveille un peu de la magie de Noël, d’une autre ambiance où l’on allait jusqu’à entendre chanter les anges, pour éveiller notre attention à quelqu’un d’important. Mais où va notre attention, cette attention en resterait-elle à la tendresse à laquelle invite la vue d’un enfant, le miracle de sa venue à la vie ? Sans doute laissions-nous déjà résonner des titres, des mots aussi qui nous présentaient l’enfant de la crèche. Mais l’évangile est encore à venir alors pour voir ce qu’il y a derrière ces mots : sauveur, prince de la paix,… D’autres mots suivront dans l’Évangile : « ta foi t’a sauvé » ; puis des paroles aussi capitales que celles de la résurrection, quand la vie donnée de Jésus sera annoncée, à travers le témoignage de ceux qui l’ont vu ressuscité, comme une victoire de l’amour même sur la mort.
C’est déjà cette lumière d’une vie, d’une parole, d’un message d’amour plus fort que tout que nous célébrons dès le début de l’Évangile de Jean, dans ce poème qu’est le prologue, un prélude qui annonce la couleur ou plutôt la lumière de la Vérité.
Oui, parce qu’avec les mots et les paroles se posent la question de la vérité. Pour toute vie en commun, pour toute organisation, pour tout essai de s’entendre. Et si les mots ne sont qu’une annonce, la vérité, elle, vient de la qualité de présence, d’engagement, d’accord de la vie par rapport à ce qui est dit.
Si l’Évangile, et avec l’Évangile, la vie de Jésus qui y est racontée commence par cette insistance sur la vérité, sur des mots qui peuvent voler bien haut, il faut bien dire que l’histoire de Jésus commence bien concrètement avec sa naissance sur la paille et dans la pauvreté, ceci pour dire un accueil quand même assez compliqué, qui ne fait qu’annoncer déjà comment tout n’est pas gagné d’avance, comment l’amour du Seigneur, même s’il sera reconnu, l’est souvent dans le secret, quand des cœurs acceptent de se laisser interpeller. Parce que l’Évangile interpelle plus dans le recueillement quand dans les grands discours, dans une demande d’aide toute simple entre quatre yeux plutôt que dans les grands programmes qui risquent de faire déchanter ceux qui ont trop souvent connu des histoires trop belles pour être vraies.
C’est trop beau pour être vrai. A nous à qui ces mots sont adressés, à nous d’inverser beauté et vérité, à nous de prendre appui sur des paroles, un témoignage qui nous fait accueillir le Siegneur pour que la vie soit plus belle. Non pas un rêve, le Seigneur est venu, il vient encore, nous sommes là pour l’accueillir, mais accueillons en vérité. Que la communauté que nous formons ensemble nous y encourage, qu’elle nous stimule, pour faire des mots d’amour, des mots de confiance, des mots de paix et de justice, plus qu’un beau programme, une expérience de joie à partager.
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