Jésus, Marie, Joseph. Étrange, cette expression qui dit la bonté divine, elle peut devenir l’expression d’un désarroi : on ne sait plus à quel saint se vouer ! Mais l’heure n’est pas à cela. Plutôt à nous laisser entraîner par les liens qui se tissaient entre Jésus, Marie et Joseph dans cette sacrée famille. Je dis « sacrée » :à nouveau, c’est un peu provoquant : quelle histoire, cette famille qui n’a rien d’ordinaire ! Et pourtant, sans vouloir imiter ce qui est inimitable en elle – c’est quand même une histoire on ne peut plus unique – les familles ordinaires, je pense, peuvent entrer dans cette manière de vivre dans la prière, dans une relation à Dieu comme le vivait la famille de Nazareth. C’est sûr Jésus, mis au monde par Marie et accueilli par Joseph, c’est quelque chose d’interpellant pour toutes les familles, mais ce qui s’est tissé entre eux, le fil qui a uni ces trois là, on pourrait le reprendre pour coudre le tissu de nos familles dites ordinaires, mais elles aussi chaque fois uniques.
Je consultais un ouvrage sur la spiritualité de la famille, je me disais est-ce que l’auteur, assez doué pour bien présenter les choses, pourra parler de ce qu’échangeaient Joseph et Marie. Je voyais donc un ouvrage sur des saintes familles. Oui, il y a plusieurs saintes familles, la maison de Nazareth c’est unique, mais des hommes et des femmes ont parfois, dans leur amour, suivi le Fils, ses paroles et ont vécu en reflets de la Trinité. L’auteur consultait ainsi des archives pour d’autre couples avec des correspondances, des biographies. Mais pour Joseph et Marie, difficile à développer à part quelques scènes de l’Évangile qu’il ne faut pas trop dénaturer en leur faisant dire plus que ce qu’elles disent. Que peut-on vraiment dire de l’éducation de Jésus, alors que l’Évangile veut aussi nous faire découvrir qu’être Fils de Dieu, ce n’est pas une identité qui se rajoute à ce que le soin éducatif des parents aurait déjà donné au garçon. Tout un débat pourrait s’amorcer ici mais en tout cas le récit de l’Évangile, alors qu’on fête la sainte Famille, nous fait assister à une scène où Jésus se montre indépendant par rapport à ses parents de la terre, tout en montrant par là un rapport intense à Celui qu’il appellera son Père, père divin, Père avec une majuscule si on veut.
Et nous voilà ainsi avec une scène qui n’a rien pour dire l’amour qui unissait Marie et Joseph, sauf qu’il se rejoignaient dans l’inquiétude pour l’enfant. On peut bien dire que pour une mère juive, perdre un enfant est une catastrophe, c’est vrai pour toute maman. Peut-être quand même, dans le peuple de l’alliance, avec un accent particulier. Dieu a donné un enfant, Dieu me l’a confié, serais-je indigne devant Dieu, indigne de confiance ? Dieu a donné, donc, il y a le soin et l’amour de la maman, mais il ne faut pas oublier l’amour premier, celui qui fait toute chose, celui du Seigneur. Et la volonté de Dieu, celle qu’on lit dans la Loi, dans la prière, on peut la découvrir entre les lignes de la Loi, et dans des histoires comme celle de Jésus retrouvé au temple. Jésus, au-delà des habitudes et de la vigilance de ses parents, est préoccupé par ce qu’on dit de Dieu, de sa Loi, de l’alliance entre Dieu et les hommes. De quoi remettre en place beaucoup de schémas d’éducation. Quel principe conduit une famille, assumer un désir d’enfant et tout ce que cela changera dans la vie ? Où le climat qui montre un intérêt qui ne s’avoue pas ? On gère l’entreprise familiale et sans rien dire, ce serait quand même bien que le petit reprenne l’affaire. Mais les affaires de Dieu, et le plan que le Seigneur a pour chaque enfant venant dans le monde – sa vocation – y pense-t-on ? L’éducation comprend-elle une dimension qui donne à toute chose sa place simplement par l’appel qu’on essaie de préciser en demandant au Seigneur : Seigneur, apprends-moi à faire ta volonté ?
La scène de l’Évangile fait-elle de Jésus un sujet d’exception ? Non, plutôt un jeune de 12 ans qui nous appelle à faire de même, à ne pas oublier qu’être enfant de Dieu, même par le baptême, cela vous change la vie. Ce n’est pas pour se moquer des injonctions des autorités familiales ou politiques, mais pour chercher ensemble un accord en profondeur quand on reconnaît que toute autorité vient de Dieu, que la paternité comme la tendresse ont sa source en lui. Jésus va dans le temple. Cherchons dans nos cœurs dans le temple où l’Esprit vient nous vivifier, cette source de vie divine qui fera que nos relations familiales, et que toute relation interpersonnelle s’accordera à la sagesse et l’amour de Dieu.
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