Pour mieux entendre cet évangile, je m’imagine avec vous, face à Jésus. Nous ferions alors l’expérience de cet enseignement prononcé, nous dit Marc, avec autorité. Comment parler avec justesse de ce que veut nous dire l’évangile aujourd’hui sans chercher à entendre toujours mieux comment Jésus nous parle ? Cherchons ensemble comment Jésus peut nous parler et ce que signifie cette autorité qui n’est pas celle des scribes, qui n’a rien d’un pouvoir ou d’un semblant d’autorité que beaucoup d’instances de pouvoir revêtent. Pour parler de cet enseignement, il faudrait retrouver ce que dit Jésus. L’autorité de Jésus se montre aussi dans la manière dont il réplique aux esprits impurs. Son autorité est dans la force avec laquelle Jésus va libérer un homme tourmenté par un tel esprit, dans la synagogue de Capharnaüm.
Il ne faut pas confondre l’autorité avec une force de domination. L’adhésion que nous pouvons avoir aux paroles de Jésus a la force d’une communion et il faut la distinguer de toute contrainte. On peut imaginer dans des groupes de natures différentes ce qui domine et distinguer cette force de l’autorité de Jésus. Dans la vie animale, souvent, on repère comment un individu domine par sa force, par une place de leader qu’il a prise.
Normalement, il n’en va pas de même chez les hommes. L’autorité des parents est souvent pleine d’amour mais ce n’est pas si simple. Et pour les sociétés ? Depuis que des esprits soit-disant éclairés ont réfléchi à la politique dans l’expérience des peuples qui s’entre-déchirent, l’autorité a été mise bien souvent entre parenthèses pour y préférer une force à laquelle on fait confiance ou dont on se méfie dans une opposition. Donc pour chercher la sécurité, on se méfie du plus fort plutôt que chercher la confiance qui établit la place de chacun. Prenez aussi les systèmes économiques où est censé régner la liberté. Arrive la concurrence qui doit régner : cela favorise la force de celui qui a les dents les plus longues. La force n’est plus alors celle de la coopération, d’un esprit de partage. Cherchons aujourd’hui la présence de Jésus, sa parole qui invite à la communion. Jésus demande notre foi et nous serons critiques par rapport à ce qui s’impose dans notre monde. Jésus et son évangile nous font reconnaître l’autorité quand elle est soucieuse de donner la place à tous, quand elle veut, comme le sens véritable d’autorité le dit, faire grandir l’autre.
La guérison, la délivrance de l’homme de la synagogue le dit d’une façon imagée mais très juste et suggestive. Cet homme était tourmenté par un esprit impur. Si on parle du bien contre le mal, aujourd’hui, même dans une mentalité qui veut tout analyser, on ne remonte pas souvent à la racine, aux manques d’amour, aux cœurs enchaînés parce que l’amour ne peut y prendre sa place pour faire vivre. On aurait tort de reléguer le cas de cet homme comme une pathologie pour la psychiatrie encore à naître. Jésus est celui qui va renouveler complètement ce que voulaient dire ces jugements d’impureté qu’on se jetait à la tête avec violence. Dans la mentalité où l’impur excluait de l’intimité de Dieu, imaginons la force de Jésus qui a l’autorité pour établir un cœur dans l’intimité de Dieu. Cette force qui vient de Dieu, c’est la force du pardon. Jésus inquiétera ceux qui verront en lui une prétention à se faire l’égal de Dieu. Pour notre mentalité sécularisée, Jésus ouvre une dimension que l’on oublie, celle du spirituel enchaîné par un esprit de concurrence, le spirituel appauvri par un esprit qui enferme l’humain dans la recherche d’une domination pour être fort. Jésus ouvre un chemin, celui de la sagesse et de la foi : redécouvrons sur ce chemin la force de l’amour, grandissons dans la foi en l’amour de Dieu.
Il y a des personnes que l’on écoute parce qu’elles rayonnent de paix ou parce que leur respect de vous, l’attention qu’elles ont pour chacun construisent des relations vraies et profondes. Je pose une question : ne sommes-nous pas contrariés bien souvent par un esprit impur qui nous empêche cet idéal auquel la présence de Jésus nous donne accès : à la sagesse de l’Esprit ? Alors que le Seigneur pourrait nous faire partager des richesses spirituelles. Le Seigneur nous ferait reconnaître vraiment les personnes en les aimant, en les comprenant. Jésus nous invite à l’accueillir dans notre vie en priant : prier, c’est dire avec tout notre être à Jésus : « tu es le saint de Dieu » pour ne pas que quelque chose d’étranger, comme cet esprit impur qui a reconnu Jésus, nous empêche de le dire.
La prière fait de nous des bâtisseurs d’une fraternité solide parce que c’est Dieu qui la fonde. On peut parler de fraternité mais si cela se limite à sentir un peu de gentillesse ou de la sympathie, il manquerait ce qui la pose sur son vrai fondement. Il y a comme un esprit impur, comme un esprit malin, une méfiance, des possibles rivalités, un esprit de jugement qui peuvent souvent envenimer notre présence les uns aux autres. Cherchons la sagesse des enfants de Dieu. L’autorité de Jésus, c’est de nous faire entrer dans cette sagesse, de nous faire accueillir, par l’Esprit Saint, les autres comme des frères et des sœurs aimés de Dieu. Cherchons cette sagesse et notre vie toute entière annoncera un monde nouveau, elle dira la présence de Dieu, son amour et sa victoire sur tout ce qui empêche de vivre plus unis.
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