L’évangile de Jean abonde en quiproquos, de manière à approfondir le sens des choses. Ainsi de la naissance avec Nicodème, de la soif avec la Samaritaine et ici, avec l’aveugle-né, de la vision.
Un quiproquo, c’est un « quoi pour quoi ». Avec le regard de Jésus, au delà du jeu de questions-réponses, on peut aller puiser là où il y a plus de vie pour éclairer une compréhension. Jésus a l’art d’apporter la lumière où il le faut. Reconnaissons-le : c’est tout un travail pour amorcer dans nos vies, un peu de cette alchimie qui rend plus lumineuse la vie. Au lieu de quoi nous sommes comme des enfants, aveuglés par les
« pourquoi ? ». «L’aveugle ne voit pas, pourquoi ? » demandent les disciples sans mesurer que cette question les limite à la surface des choses. Le premier quiproquo est là. Là où je demande pourquoi , là où je m’entête à vouloir comprendre le mécanisme des choses, leurs causes en amont. Et Jésus, lui, demande pour quoi. Il
m’entraîne en aval, il ne remonte à aucun mécanisme mais interroge ma créativité et ouvre mon horizon : « C’est ainsi, voilà la réalité. Et maintenant, que vas-tu faire ? » Quoi pour quoi ? Tout pour « travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé », répond Jésus. L’évangéliste Jean a raison : en Évangile, tout est quiproquo. C’est-à dire que chaque chose peut- être prise pour en créer une autre. Un handicap peut être transformé en œuvre de libération. Les matières les plus inertes de ma vie, je peux les travailler comme une œuvre du Créateur.
Voilà le quiproquo dans son sens évangélique. Un quiproquo fécond qui déplace le sens du « pourquoi ? » vers l’Espérance. Jésus sans réponse au « pourquoi ? » des disciples, rend la vue à l’aveugle.